Je reçois pas mal de demandes pour de la formation dans mon secteur d’activité, même si je ne propose rien directement (ou presque). C’est l’avantage d’être un peu connu dans son domaine et d’avoir une véritable expertise à proposer. C’est un peu dommage d’en laisser passer, mais il s’agit bien souvent de demandes spécifiques qui me demanderaient un gros travail en amont. C’est fou, en France, on confond formation et consulting… J’en discutais avec des amis qui rencontrent des demandes similaires. On n’est pas prêt à payer directement pour se former quand on est un particulier (on n’investit pas assez sur soi) et quand on est une entreprise, on essaye de profiter des budgets formations pour faire travailler un consultant sur son Workflow, voire résoudre tous les problèmes qu’on a en interne… Et ce, avant même d’avoir correctement formé ses collaborateurs…
J’ai même vu pire il y a une dizaine d’années. Je faisais une mission de 3 mois dans une boite qui créait des logiciels pour l’agroalimentaire. Les clients de cette boite faisaient signer à leurs salariés, avec la complicité des consultants du concepteur du logiciel, un papier indiquant qu’ils avaient reçu telle formation sur tel logiciel… En fait, il fallait juste leur montrer comment fonctionnait le logiciel développé avec l’argent de la formation ! Ces gens étaient spoliés de leurs droits à la formation — et tout le monde le savait à l’époque ! Je n’ai pas eu à démissionner, la boite a plié avant… Heureusement oserais-je dire.
En France, nous avons plusieurs dispositifs de formation :
-
l’école, la fac: tant qu’on n’a pas encore travaillé, elle est peu coûteuse.
- l’apprentissage, la professionnalisation
-
POEC: La préparation opérationnelle à l’emploi collective permet de former des demandeurs d’emploi sur des métiers sur lesquelles les entreprises ont des difficultés à recruter, mise en œuvre sur décision des partenaires sociaux d’une branche professionnelle.
- La Préparation opérationnelle à l’emploi (POE) permet à une entreprise de bénéficier d’une aide financière pour former un demandeur d’emploi, préalablement à son embauche, ou certains salariés en contrat aidé.
-
Compte personnel de formation (CPF) permet à tout salarié ou ancien salarié de suivre une formation admissible à ce dispositif. Les sociétés de formation doivent avoir déjà deux ans sur une formation et certifié leur société, diminuant la réactivité des formations dans les nouvelles technologies.
- Projet de transition professionnelle (PTP) permet à tout salarié (si ancienneté) de suivre une formation de son choix pour se qualifier, évoluer ou se reconvertir.
-
VAE — Validation des Acquis de l’Expérience :pour faire reconnaître votre expérience en obtenant un diplôme d’État, un titre RNCP ou un certificat de qualification professionnelle.
- Plan de développement des compétences de l’entreprise décrit l’ensemble des formations proposées par l’employeur à ses salariés.
-
Reconversion ou promotion par alternance vise à favoriser, par une formation en alternance, le maintien dans l’emploi des salariés les moins qualifiés.
- Vous pouvez suivre vos cours sur site, chez vous ou dans votre entreprise.
Et ce, sans parler de l’université et des autres écoles qui pratiquent des tarifs, soit symboliques, soit peu onéreux en comparaison de ce qu’on trouve outre-atlantique.
C’est vraiment très différent dans les pays anglo-saxons où chacun mise d’avantage sur lui-même et où on a conscience qu’il vaut mieux acquérir des compétences le plus rapidement possible plutôt que passer un temps fou à monter des dossiers, trouver du low cost… Et passer 10 fois plus de temps pour en savoir moins finalement. C’est peut-être le fait de devoir payer si cher pour leur éducation… De devoir emprunter en espérant pouvoir trouver un travail leur permettant de rembourser cet emprunt ? Quelque part, c’est un peu un esprit entrepreneurial : on prend des risques, on investit.
Chez nous, en France tout du moins, l’éducation semble peu chère, mais en réalité ça coute un pognon de dingue comme le dirait notre “cher” président actuel. C’est juste qu’on en a moins conscience, car ce sont nos impôts et les retenues sur le salaire qui permettent de financer (si j’ose ajouter… La dette également). D’une certaine façon, je trouve que cela nous déresponsabilise. Je pense notamment à tous ces jeunes qui gaspillent des années et l’argent de leurs parents (si l’éducation n’est pas cher, il y a le loyer, le matériel, la bouffe, les sorties.… Qu’on ne peut pas payer car on ne travaille pas encore).
Si ce sujet vous intéresse, je vous propose de visionner cette vidéo qui traite de cet aspect:
Franchement, je crois que je préfère le modèle anglo-saxon et à plus d’un titre : on vous juge moins sur votre diplôme et plus sur vos compétences (la notion de certification au delà du diplôme universitaire est plus largement reconnue). Lorsqu’on fait Harvard, Yale ou Princeton, ça coûte un bras, mais au-delà des connaissances, c’est un réseau relationnel qu’on acquiert. En France, cela dépend plus de là où on est né… On peut être très compétent, il faudra se prostituer intellectuellement car les financements iront là où se concentre le pouvoir, pas là où se trouve l’excellence. C’est vrai un peu partout dans le monde, mais c’est encore plus vrai en France. Et je le dis par expérience, pas en ayant lu quelques livres sur le sujet. Et j’ai pourtant un master 2 en administration d’entreprises (CAAE/IAE), donc je n’ai pas une haine contre le système universitaire.
Qu’en pensez-vous ? Quelle est votre expérience de la formation ? Pensez-vous que les diplômes ont encore un sens de nos jours ? Surtout si on prend le fait qu’en 5 ans après le Bac, ce qu’on a appris, est parfois déjà obsolète… Surtout dans les métiers techniques. Et quid de la nécessité de se former en continu ?